15

 

— Vous avez fait du chemin, monsieur Blayney, depuis que nous nous sommes rencontrés. Vous êtes chef du gouvernement et généralissime des forces armées.

Pas de réponse. L’homme qui le regardait fixement avait une expression sévère, teintée de perplexité. Blayney paraissait plus âgé que dans les souvenirs de Gosseyn Deux. Et son corps lourdement charpenté avait maigri. Comme s’il avait sauté un bon nombre de repas. Peut-être s’était-il produit dans son organisme une transformation chimique nécessaire en période de tension.

Les vêtements qu’il portait étaient encore plus élégants que ceux de la dernière fois.

Toujours pas de réponse à sa remarque.

Durant ce silence prolongé, Gosseyn, allongé sur le canapé, fut assez infortuné pour se souvenir comment, la dernière fois que Blayney avait ainsi baissé les yeux sur le corps ligoté d’un Gosseyn, il s’était brusquement penché et, sans motif visible, l’avait frappé brutalement plusieurs fois.

C’était peut-être le moment opportun pour lancer une remarque conciliatrice.

— Voyant votre réussite, j’en déduis que je m’étais totalement trompé sur votre compte.

À ces paroles, une ombre de sourire succéda à la mine rébarbative. Et le silence déplaisant prit fin.

— J’ai suivi vos conseils, dit Blayney. Une étude élémentaire de la Sémantique générale m’a permis de corriger certains… disons… certaines imperfections de ma personnalité sur lesquelles vous aviez appelé mon attention.

Gosseyn Deux avait en effet reproché à Blayney de s’inquiéter beaucoup trop de l’avenir. Il l’avait averti qu’un homme qui s’attendait toujours au pire pouvait tôt ou tard – habituellement tôt – prendre des mesures préventives inutiles de type paranoïde.

Ce serait vraiment malheureux s’il ne s’en était pas totalement corrigé car, dans un moment de véritable crise, cela provoquerait une réaction anormalement violente. Or, dans la situation actuelle, la victime en serait forcément Gilbert Gosseyn Trois.

Il allait s’efforcer de parer à une telle éventualité.

— Si une étude élémentaire a pu, si rapidement, vous élever au poste de chef du gouvernement, dit Gosseyn, cela vaudrait la peine de suivre un cours plus avancé de non-aristotélisme afin de vous défaire ainsi des… imperfections restantes, reliquats du conditionnement de vos jeunes années.

L’ombre de sourire qu’il y avait sur le visage lisse s’évanouit. L’expression menaçante reparut. Blayney secoua la tête.

— Le jeu de la politique, dit-il, est strictement aristotélicien. Il n’y a pas de place pour les idéalistes.

Son visage changea de nouveau d’expression. La perplexité s’y peignit encore lorsque Blayney se pencha et, de la main droite, toucha les cordes qui ligotaient les genoux de Gosseyn.

— Ce que je ne comprends pas, dit l’homme de sa voix toujours douce, c’est pourquoi vous avez permis que cela vous arrive une deuxième fois.

La question semblait indiquer que Blayney était au courant des capacités à vingt décimales du cerveau second de Gosseyn.

Ce n’était qu’une éventualité, aussi Gosseyn préféra-t-il éluder cet aspect de la question.

— Je ne suis pas plus malin que je ne l’étais la dernière fois. Qui aurait pu penser que vous vous donneriez la peine de tenir cette petite maison sous surveillance ?

Tout en prononçant ces paroles qui pouvaient être prises pour un compliment, il observa le visage doucereux et il fut tout content d’y déceler une légère expression de suffisance.

Mais Blayney ne dit rien ; il ne proposa aucune explication de sa perspicacité.

Évidemment, ce commentaire n’appelait pas nécessairement une réponse. D’abord, il était douteux qu’un complice de l’ennemi donne une réponse honnête. Un petit groupe de dirigeants avait été secrètement soutenu par les puissantes armées d’Enro commandées par Thorson.

Mais voilà, le président Hardie était mort, et Thorson aussi. Blayney, auxiliaire de l’un et de l’autre, avait su tirer profit de l’occasion.

Et lorsque des élections étaient truquées, ceux qui avaient participé à cette opération – ou leurs complices – essayaient d’en profiter également. Gosseyn avait tout de même de la peine à croire que des Terriens se soient abaissés à faire cela au XXVIe siècle.

Voilà ce qu’une intervention secrète des forces interstellaires pouvait faire peser sur les habitants sans méfiance d’une planète qui n’appartenait pas à la Ligue.

Heureusement que, sauf l’action menée par Enro à bord du navire de guerre dzan, cette conspiration avait échoué.

Il ne restait encore que quelques débris… comme Blayney… dont il faudrait débarrasser la Terre. Et il y avait une possibilité pour que cet homme ne sache rien des dessous de ce qui s’était passé.

Peut-être la question posée par Gilbert Gosseyn Trois avait-elle désamorcé l’explosion d’une réaction violente du nouveau président de ce pays.

À part cela, la situation de Gosseyn restait aussi fâcheuse. Jusqu’à maintenant, il n’avait encore rien accompli d’essentiel.

En réfléchissant à tout cela, Gosseyn Trois, toujours allongé sur le canapé, s’accorda une partielle prise de conscience Ā.

En premier, les impressions en provenance de son environnement. Puis, l’idée que Blayney n’avait pas encore révélé dans quel but il était venu de sa magnifique demeure présidentielle jusque dans un endroit comme celui-là. Mais le simple fait qu’il soit là poussa Gosseyn à prendre immédiatement une décision.

La présence, dans cette pièce, d’êtres humains très ordinaires constituait pour Gosseyn la menace la plus grave. Ces individus qui avaient envahi la petite maison de Dan Lyttle ne se livreraient probablement à aucun acte hostile sans qu’on leur en ait donné l’ordre.

Gosseyn, qui avait déjà pris la précaution de photographier mentalement les quatre gardes du corps, décida qu’il pourrait, au moins, leur offrir une chance. Puisqu’il y avait maintenant ici quelqu’un qui s’attribuait le droit de leur donner des ordres – y compris : « Abattez-le ! » –, le moment était venu de leur faire une proposition, avant que le commandement de le tuer ne soit lancé.

Alors il tourna la tête vers eux et leur dit :

— J’aimerais que vous déposiez vos armes. Vous n’en avez plus besoin maintenant que je suis ligoté.

Trois des hommes restèrent immobiles et silencieux, comme s’ils ne l’avaient pas entendu. Le quatrième, assis en bout de rang, se tourna vers leur chef, celui qui était en civil et qui jusqu’à maintenant avait pris la parole en leur nom, et lui dit :

— Qu’en penses-tu, Al ?

L’homme auquel il s’adressait répondit immédiatement d’une voix douce :

— Le patron est là… (il montra l’individu bien vêtu qui se tenait auprès de Gosseyn)… et c’est lui qui donnera les ordres lorsqu’il en aura envie.

Le garde du corps qui avait parlé regarda Gosseyn et haussa les épaules. Il retomba dans le silence, l’arme à la main.

Gosseyn tourna les yeux vers Blayney et lui sourit en disant :

— On dirait qu’il n’y a pas de futur Vénusien dans votre bande.

L’homme-qui-était-devenu-l’égal-des-rois lui rendit son regard en fronçant les sourcils.

— Était-ce une tentative pour corrompre ces hommes qui ont juré de faire leur devoir lorsqu’un homme mandaté le leur demande ?

Gosseyn leva les yeux sur le visage aux traits lourds et légèrement renfrognés, et il secoua la tête.

— La Sémantique générale reconnaît la nécessité des lois dans une société arriérée. Mais ce qui s’est produit ici excède les ordonnances judiciaires ordinaires. Puis-je vraiment être ligoté sans qu’aucune plainte ni aucune accusation aient été portées contre moi ?

Blayney se caressa le menton.

— Vous êtes un cas d’exception. Et c’est moi qui en ai donné l’ordre. (Ses lèvres se tordirent en un sourire.) Ces hommes m’ont obéi, comme ils devaient le faire.

— C’est pourquoi je leur ai parlé. Ils participent à une action illégale. Ils agissent comme des automates. Comme des laquais et non comme des hommes qui ont l’intention de se renseigner sur des faits. Lorsque, plus tard, ils vont rentrer chez eux, si quelqu’un leur demande ce qu’ils ont fait aujourd’hui, que pourront-ils répondre ?

Le sourire de Blayney était plus tendu et découvrit ses dents.

— Ils ont prêté serment de ne jamais révéler à des personnes non autorisées ce qui s’est passé pendant leur tour de garde.

— En d’autres termes, si vous leur donnez l’ordre de tirer sur moi, ils le feront sans même en connaître la raison ?

— Exactement ! (Le ton de Blayney révélait combien son impatience montait.) L’autorité du gouvernement n’est pas près de disparaître sur Terre. Alors venons-en au fait. Pourquoi êtes-vous ici ?

Mais Gosseyn avait reporté son attention sur les quatre hommes de main. Et c’est à eux qu’il s’adressa.

— Est-ce que chacun de vous, séparément, souhaite vraiment agir comme un laquais dans une situation aussi douteuse que celle-ci ?

Celui qui était assis en deuxième position sur sa gauche s’agita et dit à Blayney :

— Pas d’ordre spécial, monsieur le président ?

Celui-ci secoua la tête en silence.

Gosseyn disposait donc encore d’un peu de temps pour obtenir des informations. Il appela :

— Monsieur Lyttle !

Ce fut un acte plutôt inattendu. Car Lyttle, qui avait terminé son travail à la cuisine et n’avait pas les mains attachées, était là, debout, à attendre.

Il lui fallut cinq secondes pour se ressaisir, puis il répondit :

— Oui, monsieur Gosseyn ?

Avant que Gosseyn n’ait pu lui répondre, une autre interruption se produisit :

— Vous allez tous continuer à parler ? demanda Enin. (Puis il se tourna vers Gosseyn.) Avez-vous besoin de mon aide ?

Gosseyn sourit.

— Pas encore, Enin. Le moment venu, je te le ferai savoir. Si tu veux, tu peux retourner à ton jeu.

— D’accord.

Bientôt retentirent de nouveau ses cris de plaisir. Gosseyn demanda :

— Monsieur Lyttle, qu’est-ce que vous souhaiteriez pour votre planète ?

— Je voudrais que vous restiez, répondit-il sans hésiter, et que vous nous aidiez à restaurer sur Terre les méthodes d’organisation sociale de la Sémantique générale expérimentées sur Vénus, y compris… la réintégration de la Machine des Jeux.

— Les sémanticiens pensent que la Machine des Jeux s’est montrée plus vulnérable que prévu aux ingérences qui ont entravé ses activités.

— N’oublions pas, répliqua Dan Lyttle, que c’est un ordinateur, et que quelques milliers de circuits intégrés de plus, avec leur programme de protection, lui seraient d’une grande aide pour l’avenir. Mais, bien sûr, aucune machine ne pourra jamais surpasser l’autorité humaine.

Brusquement, avec cette réplique, Dan Lyttle devenait un cas exceptionnel. Même pour Gilbert Gosseyn, corps et esprits, les associations d’idées qu’elle éveilla exigeaient bien plus qu’un déchiffrage rapide.

Ce qui autrefois avait paru une coïncidence à Gosseyn Un et Gosseyn Deux, devenait brusquement… quoi ?

Le veilleur de nuit d’un hôtel, Dan Lyttle, qui était monté dans la chambre d’un Gilbert Gosseyn et lui avait sauvé la vie, semblait soudain associé à tout ce qui s’était passé.

Et cependant, comment expliquer le fait qu’un Gosseyn loue une chambre dans l’hôtel où travaillait, ce soir-là, ce Très Important Veilleur ?

C’était un travail si ordinaire, un jeune homme tellement normal, avec une petite maison située, par hasard, dans ces collines, pas très loin de la Machine des Jeux, qui avait parlé, chaque jour, pendant la durée des jeux, à des milliers de postulants qui venaient là, périodiquement, dans l’espoir que leur connaissance de la Sémantique générale leur vaudrait la possibilité d’émigrer sur Vénus. Chacun passant ses tests seul dans l’une des cellules particulières…

Il y avait toujours eu quelque chose de remarquable dans la manière dont Dan Lyttle se tenait, dans son port de tête. Il est vrai que la connaissance et l’utilisation journalière de la Sémantique générale faisaient cela à la plupart des gens.

Mais c’était l’homme auquel la Machine des Jeux à l’agonie avait confié la partie la plus importante du gigantesque réseau d’ordinateurs.

L’explication du mystère de Dan Lyttle devrait encore attendre. Il suffisait, pour le moment, de savoir que les objectifs de cet homme étaient semblables aux siens. Par conséquent, le moment était venu pour Gosseyn Trois de passer à l’action. Silencieusement, il envoya rapidement quatre signaux, l’un après l’autre à son cerveau second.

Puis il se détendit sur son canapé, les yeux fixés au plafond.

Alors, sur sa gauche, une voix d’homme poussa un cri prolongé : « Hééééé ! »

Et puis quelqu’un s’exclama : « Hola ! » C’était le porte-parole des six hommes qui s’était tenu, tout le temps, un peu à l’écart. Gosseyn sut que c’était lui parce qu’il venait de tourner la tête dans sa direction.

Il ne vit que les deux hommes en civil. Ils étaient debout et regardaient fixement les quatre chaises vides où, quelques fractions de seconde auparavant, étaient assis les hommes armés.

Les gardes du corps avaient disparu. La situation n’en était pas devenue bonne pour autant. C’était une amélioration, oui. Mais bien que Gosseyn se soit débarrassé de la menace que constituaient les quatre hommes de main, il était encore loin de se trouver dans la condition normale d’un être humain.

Ses jambes étaient toujours solidement ligotées ; les menottes qui entouraient ses poignets étaient en métal. Et il se sentait terriblement responsable de ce qui venait de se passer, des conséquences de son arrivée. Maintenant, Dan Lyttle et sa petite maison étaient en danger. Si bien qu’Enin et lui ne pouvaient se contenter de filer grâce à une similarisation à vingt décimales.

Gosseyn reconnut, un peu piteusement, que ce n’était pas le moment idéal pour énoncer un message essentiel. Néanmoins, levant les yeux vers Blayney, il prononça ces paroles insignes :

— Pourquoi ne pas rétablir un gouvernement intègre dans la Cité de la Machine des Jeux ?

La fin du Non-A
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